La fabrique du commun / mémoires conflictuelles et territoires

dans le cadre de la nuit des idées

26/01 à 17h00 à la Galeria Libro Cafe / Colombie

INTERVENANTS

Amalia Boyer, philosophe, France/Colombie

Lobadys Perez-Barrera, chorégraphe, Colombie

Camille Louis, philosophe et dramaturge, France

Emmanuelle Nizou, artiste, Belgique

Marie-José Mondzain, philosophe, France

Gustavo Chirolla, philosophe, Colombie

Gloria Triana, anthropologue, Colombie

…et des habitants de Carthagene et de ses environs

DESCRIPTION

Le collectif artistique kom.post ouvre en collaboration avec la philosophe Amalia Boyer, dans le cadre de l’année croisée France-Colombie, un cycle de 6 « Fabriques du commun » autour de la relation entre « mémoires conflictuelles et territoires ». Ce cycle prendra place de janvier à juin 2017 dans 4 villes colombiennes : Carthagène, Baranquilla, Bogota et Cali, puis de juillet à novembre 2017 dans 2 villes françaises des régions PACA et Nord. Ce cycle s’écrit à partir des paroles collectées et des langages singuliers, faits tout autant de mots que de gestes, corps en mouvement et attitudes des personnes avec lesquels les artistes entrent en conversation en Colombie comme en France. Étudiants, acteurs sociaux, artistes, penseurs, artisans…  se trouvent, de manière plus ou moins directe, réunis pour, ensemble et dans la variété des histoires singulières, collectives et politiques, se ressaisir au présent de nos mémoires réappropriées.

Les deux pays appelés ici à se rencontrer – Colombie et France – partagent déjà une expérience commune : celle qui voit qu’il n’y a de possible traitement du conflit, de possible confrontation et transformation qui ne soit pas que de surface mais se prolonge véritablement dans la durée, qu’à partir d’une attention donnée au travail de mémoire et son rapport aux territoires. Ou, plus précisément, qu’à partir d’un soin accordé aux différents territoires mémoriels qui composent tout autant chaque collectif que chaque sujet. Loin de l’image unifiée de la communauté, perçue comme totalité homogène et porteuse d’une même histoire comme d’un même horizon, assumer la pluralité des mémoires et les rapports dissensuels qui les mettent en tension aussi bien qu’en relation, signifie se mettre au travail d’un commun qui ne soit pas comme UN. C’est ouvrir une fabrique du commun, qui ne tient qu’à condition de la variété de ses acteurs et de la redistribution des places, des fonctions et des lignes séparant les « témoins légitimes » et surexposés des « témoins ordinaires » que l’on rejette sans cesse dans l’oubli et l’invisibilité.

Les multiples échanges seront collectés, travaillés, tissés avec d’autres, pour construire la matière sensible et sensée des six événements dont le premier aura lieu le 26 Janvier 2017. S’il s’agit d’aborder le « conflit » au-delà de la seule déclinaison que n’en proposent les politiques d’Etat, s’il s’agit de reprendre le terme et ses implications dans un autre registre du « politique » tel qu’il pourrait d’abord renvoyer au « faire en commun » et à « l’agir ensemble », alors il convient, dès le début, d’aller à la rencontre des multiples expériences et de la variété d’acteurs qui les narrent. 

Le montage de la fabrique du commun commence, en Colombie, par une expérience des territoires capable de mettre en relation et en conversation la capitale Bogota et la côte caribéenne, la ville et les zones rurales, les citadins qui vivent une certaine forme de « contemporain » avec un ensemble d’acteurs non urbains qui lient autrement ultra présent et passé plus ou moins récent. Que ce soit à l’échelle du pays ou à l’échelle de chacune des villes accueillant le projet, le principe d’une mise en rapport des hétérogènes et des dynamiques dissensuelles est maintenu. Non seulement entre les différentes singularités mais aussi en chacune d’elles : comment un sujet déplacé, d’une ville à l’autre, d’une modalité de vie et de production à une autre, assume-t-il ses propres dissensions ? Ses multiples histoires qui ne vont pas, de fait, ensemble mais dont l’articulation compose aujourd’hui sa modalité d’existence ? Existence « unique », non échangeable, non remplaçable mais précisément de ce fait : partageable avec d’autres vies toutes aussi inouïes.

ENGLISH

Together with the philosopher Amalia Boyer, as part of the France-Colombia year, the artistic collective kom.post launches a series of 6 “Fabriques du commun” around the relationship between “conflictual memories and territories”.

Between January and June 2017, a first series of events will take place in 4 Columbian cities: Cartagena, Baranquilla, Bogota and Cali; then between July and November 2017, two more events will happen in France: one in the Nord (North) region, then in the PACA (South-East) region.

The material for this series stems from interviews made by the artists in Colombia and France, collecting voices and individual languages made up of words, movements, bodies and attitudes. Students, social workers, artists, thinkers and craftsmen are brought together, more or less directly, in order to take now our ownership back on memories that belong to us.